Les Millennials font partie de la génération qui mise le moins sur l’investissement à long terme. Entre peur des dettes et défiance vis-à-vis des institutions, ils obligent les banques à revoir leur stratégie.

Les Millennials sont frileux à l’idée d’investir dans des placements à risque
Les Millennials, des clients à part

C’est un constat assez paradoxal que l’on peut faire sur les moins de 30 ans. Alors qu’ils sont bien ancrés dans la société de consommation, qu’ils n’hésitent pas à dépenser davantage en matière de location de services (Netflix, Spotify, stockage sur le cloud, etc.), ils sont aussi frileux à l’idée d’investir dans des placements à risque.

L’investissement « bon père de famille »

Il serait faux d’imaginer que les Français âgés de 25 à 40 ans dépensent tout leur argent. Au contraire, conscients des difficultés que l’on rencontre tout au long de sa carrière professionnelle et encore marqués par les conséquences de la crise financière de 2008, ils sont aujourd’hui 96% à mettre régulièrement de côté leurs revenus. Selon un sondage Air Liquide, ils sont même près de 70% à mettre de côté tous les mois.

Cependant, la plupart privilégie les placements à moindre risque et peu rémunérateurs avec des produits d’épargne classiques comme le Livret A ou encore le Livret Jeune. Les Millennials seraient ainsi plutôt adeptes de l’investissement que l’on appelle en « bon père de famille », c’est-à-dire qu’ils ne souhaitent pas prendre le risque de tout perdre.

Une tendance confirmée par le baromètre du Perco publié par Natexis Interépargne qui met en lumière le fait que cette génération surinvestit dans les produits classiques. Pourtant, ils restent intéressés par l’investissement dans les entreprises puisque près de 80% ont déjà placé de l’argent dans des sociétés ou souhaitent le faire. En revanche, plutôt que de chercher des jeunes pépites pleines de promesses, ils misent beaucoup sur le financement participatif (crowdfunding en anglais) ou sur des entreprises en qui ils ont confiance et qui les inspirent.

On peut citer par exemple les GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) ou les nouveaux acteurs disruptifs comme Airbnb, Uber ou BlaBlaCar. Ces investissements leur donnent ainsi la sensation de prendre part à une aventure humaine et technologique et de contribuer à l’évolution de la société.

Les jeunes citoyens européens souhaitent que leur investissement ait du sens. En plus des entreprises citées plus haut, ils sont attentifs aux marques respectueuses des questions environnementales, sociales et de gouvernance (RSE).

L’émergence des crypto-monnaies

Un autre phénomène ayant fait pas mal de bruit ces derniers mois pousse les Millennials à changer leurs habitudes d’investissement. En effet, ils semblent être particulièrement attirés par les crypto-monnaies.

Selon le site spécialisé dans les crypto-monnaies Crypto-France, un tiers des jeunes de moins de 30 ans pensent à se tourner vers le Bitcoin et y investir leurs économies plutôt que dans des actions ou des livrets d’épargne - une volonté assez contraire finalement au besoin de sécurité qu’ils éprouvent lorsqu’ils affirment ne pas vouloir prendre de risque avec leurs investissements.

Si le Bitcoin attire, c’est surtout par rapport aux bénéfices potentiels qu’il propose, son aspect sécurisé et surtout le fait qu’il n’est pas, à l’heure actuelle, régulé par les États.

Dans un sondage réalisé à l'automne par BlockChain Capital auprès de 2000 personnes, 2% des sondés déclaraient détenir des Bitcoins en 2017, une part qui double pour la classe d'âge des 18-34 ans, alors que 16% des institutionnels avaient acheté des Bitcoins depuis plus de 6 mois, et 14 % récemment. Une vraie divergence d’opinions donc entre les Millennials et les investisseurs institutionnels.

Depuis la crise financière de 2008, les jeunes européens ont tendance à se méfier des acteurs bancaires traditionnels et des gouvernements. Les Millennials sont également assez pessimistes quant à leurs perspectives d’avenir et la solidité économique de leur pays. Cela s’explique par la précarité subie par 74% des jeunes de moins de 25 ans non étudiants : 24% d'entre eux sont au chômage, 15% sont sans emploi, sans formation et sans droit au chômage, et 35% enfin sont en contrat temporaire.

Les crypto-monnaies sont ainsi un moyen de s’abstraire des conjectures économiques difficiles, quitte à prendre d’autres risques en investissant dans des valeurs très volatiles.

D’autres leviers privilégiés pour augmenter leur pouvoir d’achat

Ce comportement global rappelle celui qu’avaient les jeunes pendant la période de la Grande Dépression, lorsque 80% préféraient conserver leur argent plutôt que d’investir sur des actifs de croissance. Une tendance confirmée par Sabrina Bailey, basée à Chicago, responsable des solutions de retraite de Northern Trust Asset Management, qui affirme que les personnes nées entre 1982 et 2002, préfèrent investir leurs économies dans des placements sûrs et à faible rendement plutôt que de prendre le risque d’en perdre une partie sur des investissements à risque.

Pour augmenter leur pouvoir d’achat, ils n’hésitent pas à utiliser les plateformes collaboratives et à suivre des sites de bons plans ou de ventes privées. Cela leur permet d’avoir accès à des services et des biens qu’ils ne pourraient pas s’offrir faute de moyens.

En matière bancaire, ils font aussi jouer la concurrence en optant pour la multi-bancarisation. Les 18-34 ans sont en effet 34% à rester moins de cinq ans dans la même banque selon le courrier financier.

Les Millennials sont très volatiles

Les Millennials se distinguent par leur volatilité

Dernier point important : les Millennials sont des consommateurs avertis. Ils se renseignent en ligne et sont sensibles aux avis postés, particulièrement s’agissant de leur argent.

Offline, ils sont aussi demandeurs de recommandations de la part de leur famille ou d’un conseiller financier expert pour prendre les bonnes décisions en matière de placement.

La relation de confiance joue donc un grand rôle et c’est ce point que les institutions bancaires doivent travailler pour ne pas voir les Millennials leur tourner le dos. Ils doivent également comprendre que les jeunes sont aujourd’hui davantage tournés vers le « consommer utile » et le « consommer intelligent » plutôt que l’enrichissement.

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